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10 juin 2009

Elections européennes 2009.

Elections européennes,

Analyse des résultats.

Ces dernières élections ont été riches d’enseignements. Comme à chaque scrutin, une différence significative sépare les résultats attendus par les sondeurs et les résultats électoraux réels. Le Modem a été annoncé à plus de 10% tout au long de la campagne et à 11% lors de la publication du dernier sondage de campagne (1) mais n’a finalement obtenu que 8,45% des « suffrages exprimés » (l’expression est consacrée mais le vote blanc ou nul est bien entendu une autre forme d’expression). De même, seulement 16,48% des suffrages l’ont été en faveur du PS alors qu'il était annoncé à 20% le vendredi 5 juin. Les autres listes ont obtenus des résultats situés dans la fourchette des intentions de vote, c’est-à-dire 3% au dessus ou au dessous, ce qui, pour les listes de moyenne importance, ne permet pas vraiment de se tromper. Il faut rappeler que les sondages ne sont pas des prédictions mais des mesures de l’opinion à un moment donné et l’électeur du XXIe siècle change tellement d’avis... Il est certain que les responsables des campagnes ont eu des résultats d’enquêtes plus conformes à la réalité puisque Daniel Cohn-Bendit aurait parié la veille du scrutin que sa liste serait devant celle du PS… Laissons là maintenant ces bagatelles qui doivent tout de même nous inciter à accorder une confiance modérée aux sondages même si on entend cela après chaque élection et sans que cela ait de conséquence.

Equilibre droite / gauche

L’essentiel des enseignements de cette élection est ailleurs. La majorité parlementaire et présidentielle a rassemblé ses électeurs, est-ce forcément un exploit ou une victoire comme l’écrit le Figaro dans sa une de mardi ? (2) On peut s’inquiéter aussi du peu de réserve en voix que cette stratégie suggère pour l'UMP ainsi que de la nécessité de montrer que la majorité présidentielle ne gouverne pas seule mais avec des alliés, dont certains comme la Gauche Moderne ou le Nouveau Centre n’ont quasiment aucun point politique. Les élections françaises sont toutes à deux tours, aussi une élections à un tour ne nous donne qu'une partie des tendances. Il faut noter que les grands équilibres droite / gauche sont plutôt respectées : l'UMP, le FN et Libertas obtiennent 33 députés c'est-à-dire le même nombre que le PS, Europe-Ecologie, le Front de Gauche et le Parti Communiste réunionnais. Nous savions tout aussi que le PS serait à la peine après le congrès de Reims mais nous ne savions pas qui, du Modem, du Front de Gauche, du NPA ou des Verts, profiterait de cette situation. Ce sont donc les écologistes qui ont bénéficié de ce véritable boulevard parce qu’ils ont parlé d’Europe et ont eu pour véritable "fausse tête de liste nationale" d’un scrutin régionalisé quelqu’un qui n’avait aucune ambition en 2012 et qui n’était pas français mais allemand. L’occasion d’un répit dans la campagne électorale présidentielle permanente a été rendu possible et beaucoup d’électeurs en ont profité. On aura donc trop vite fait de parler d’une percée des écologistes sans s’apercevoir que ces résultats, certes historiques, sont largement le fait de leur volonté de ne pas se laisser enfermer dans des débats à la petite semaine, de donner l’impression de refuser les combines, bref, de proposer une manière de faire de la politique en adéquation avec les enjeux et les attentes des citoyens. Le beau succès du livre de François Bayrou, Abus de pouvoir, est à ce titre une réussite… à contretemps. Les déçus de la personnalisation outrancière du Modem et qui sont soucieux de l’Etat de droit ont grossi le rang des écologistes, certainement attirés par une candidate comme Eva Jolly, ancienne magistrate chargée du dossier Elf. La campagne poussive du PS singularisée par ce slogan bilingue « People first / Citoyens d’abord » (l’Europe parle-t-elle anglais ?) et par les appels incessants au vote utile n’a pas su parler au cœur des gens de gauche. On l’aura compris, il y aurait des centaines de raisons non-écologiques à la victoire des écologistes et c’est précisément ce qui permet de relativiser la portée historique de cette « percée verte » qui attend donc confirmation. Mais à trop vouloir expliquer le vote écologiste par des facteurs extérieurs, on oublierait de dire l'essentiel : Pour la première fois, les écologistes ont donné l'impression de rassembler au delà des électeurs diplômés urbains. Europe Ecologie est par exemple deuxième dans le Vaucluse, un département qui n'est pas réputé "bobo". Les bons scores dans les départements à la bordure du Rhône sont aussi le résultat d'un ras-le-bol des riverains ont visiblement peur qu'un événement comme les fuites d'uranium à Tricastin en juillet 2008 se reproduisent. Le Rhône étant plus pollué que la Loire, les résultats électoraux ont eu tendance à donner l'avantage aux écologistes près du Rhône... 

Le paradoxe de ces élections.

Le vrai paradoxe de ces élections est le suivant : en refusant de personnaliser la campagne contre le président de la République, les candidats de la liste Europe-Ecologie sont apparus comme les plus intelligents opposants au sarkozysme, contrairement aux Verts italiens contre le berlusconisme, soit dit au passage. Les écologistes se rêvent en bâtisseurs d’une nouvelle idéologie de rechange à gauche et d’une certaine manière comblent un certain désenchantement utopique bien compréhensible. Mais ce n’est pas par idéologie qu’une grande majorité des 16,3% a plébiscité Europe-Ecologie. Dans un autre registre les 21,27% d'électeurs de Jacques Duclos en 1969 n’étaient pas tous des fervents défenseurs du modèle soviétique. Les dernières élections présidentielles ont au contraire montré que le socle des Verts était de 1,57%. A ce titre, les élections régionales, où les questions perçues comme plus proches seront abordées, verront certainement un important rééquilibrage s’effectuer. Une grande partie des électeurs sont méfiants envers les grands partis et pensent qu’une bonne politique doit se situer en accordant les côtés positifs des uns et des autres, cette fois les écologistes ont supplanté le Modem dans la captation de cet électorat. Mais comme ces français qu’on appelle parfois improprement « centristes » n’ont pas d’identité partisane, leur voix sont volatiles et ont tendance à ne pas se poser plusieurs fois de suite sur la même branche. Une hirondelle ne fait pas le printemps et il nous semble qu’il faudra encore attendre longtemps avant de réunir les conditions qui ont permis aux écologistes de recueillir 16,28% des voix. Mais comme le désamour envers le PS semble lui durable et qu'il a du mal, pour le moment, à incarner une alternative crédible, les petits partis de gauche et du centre n'ont pas forcément de mauvais jours devant eux. Le vote écologiste est un choix de société mais le paradoxe est qu'il est choisi par dépit quand le modèle social-démocrate est en panne.

1. Sondage SOFRES paru dans le Monde du vendredi 5 juin 2009. / 2. « Comment Sarkozy veut tirer profit de sa victoire », Le Figaro, mardi 9 juin 2009.

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