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23 mai 2009

Pourquoi Chevènement est marginalisé.

Jean_Pierre_Chev_nement

Elections européennes : Pourquoi Chevènement est marginalisé.

Il est paradoxal de constater qu'une élection européenne met en difficulté Jean-Pierre Chevènement. Son parti, le MRC, n'a trouvé d'accord ni avec le Front de Gauche (FdG), ni avec le Parti Socialiste. Il faut dire que chez ce dernier, les malentendus ont été nombreux ces dernières années : Lionel Jospin lui a fait porter la responsabilité de son éviction prématurée lors de l'élection présidentielle de 2002 et que Bernard Henri-Lévy ("conscience morale" mais non adhérent) avait surenchéri pour celle de 2007 à cause cette fois de la trop grande proximité du président du MRC avec la candidate Ségolène Royal. Le PS de Martine Aubry, fruit d'un si savant équilibre, n'avait donc aucune raison de l'appeler pour resserrer ses rangs même si les listes du parti rassemblent des partisans du "oui" et du "non" au traité de Lisbonne. Quant au Front de Gauche (PCF, PG et "unitaires"), plus homogène idéologiquement et opposé au traité dit "constitutionnel", l'entente ne s'est pas non plus réalisée.

Stratégiquement seul, Jean-Pierre Chevènement faisait part le 14 mai, dans un communiqué, de son choix d'appeler à voter blanc ou nul aux élections européennes. Officiellement, les deux raisons étaient l'incapacité du parlement à incarner une volonté générale et l'absence du thème de la souverainté nationale dans la campagne du Front de Gauche.

voter_blanc_MRC_2(tract du MRC)

Peu de divergences de fond.

Mais, au delà des formules, quelles étaient précisément les divergences de fond entre le Front de Gauche et le MRC ? Le Front de Gauche dénonce le démantèlement des services publics (nationaux) et la mise en concurrence des territoires par l'interdiction de tout entrave à la libre circulation des capitaux. De plus, les tracts de la campagne du FdG s'en prennent à... Nicolas Sarkozy, thème hexagonal par excellence. Le FdG méconnaît-il vraiment "le ressort que peut constituer l’exercice de la souveraineté nationale" comme le prétend J.-P. Chevènement ? A l'inverse, les positions du MRC dans la négociation avec le Front de Gauche étaient axées sur la régulation de la mondialisation, l'Europe sociale et l'Europe en tant qu'acteur stratégique et solidaire dans un monde multipolaire. Le MRC s'est prononcé pour une gouvernance économique de la zone euro et pour l'abrogation des lois Sarkozy sur l’immigration. En fait, on pourrait chercher longtemps des raisons idéologiques à l'absence d'accord entre le FdG et le MRC sans les trouver.

Le Front de Gauche, une alliance sur le long terme ?

Comme souvent, les textes officiels restent à la surface sans expliquer les raisons profondes. Qu'il soit écrit "on ne fera pas l'Europe sans et à plus forte raison contre les nations" ou non dans le programme du FdG n'est certainement qu'un pretexte. Les faits sont tétus car avec ou sans cette phrase, les ambitions politiques du Front de Gauche s'axent à la fois sur la défense des acquis nationaux et la perspective de conquêtes sociales européennes, comme le MRC justement.

Pourquoi en est-on donc arrivé là ? Il ne faut pas penser que les acteurs politiques ont une vision qui ne dépasse pas le prochain rendez-vous électoral. Projetons-nous dans l'avenir à moyen terme du FdG, après un bon score aux prochaines élections. Quels sont les alliés fiables qui vont tenter de cimenter l'unité du FdG ? Il est fort probable qu'à la prochaine élection présidentielle J.-P. Chevènement soutienne le ou la candidate PS. La presse pourrait alors refléter l'image d'un FdG "éclaté" ou incapable de s'unir durablement et ce serait un mauvais départ pour une campagne. Or, pour construire une alliance durable à gauche, il est nécessaire dès l'élection européenne de constituer un noyau solide. Le FdG, s'il veut prétendre sérieusement incarner un renouveau politique, n'a peut-être pas intérêt (en tous cas le croit-il) à s'allier temporairement avec un ancien ministre de François Mitterrand dont la science des formules aurait pu attirer sur lui les micros et les caméras. Le Parti Communiste qui est l'arrête centrale (et discrète) de la coalition a besoin d'une alliance capable d'incarner une forme de refus constructif et solide pour se démarquer du Nouveau Parti Anticapitaliste et assurer sa crédibilité. Les choix du Front de Gauche sont donc tout à fait compréhensibles et cohérents. Nous verrons le 7 juin au soir si un deuxième "pôle de gouvernement" est en train de se constituer à gauche ou si le Front de Gauche est une union sans lendemain.      

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Commentaires
R
Cher Ysengrin le loup, <br /> Ton message est un peu court pour préciser ta pensée sur deux points. Penses-tu que le renart roule pour Mélenchon ? Ce n'est pas le cas ici je t'assure car j'analyse ses choix comme des options purement stratégiques, ce qui n'est pas flatteur tu en conviendras. <br /> Deuxièmement, penses-tu qu'on puisse réduire l'absence d'accord FdG/MRC à l'affrontement de deux personnalités tout en sachant que le PCF est de très loin, la force électorale la plus importante dans ce regroupement ?<br /> Le commentaire de AAG et le tien posent finalement une seule et même question : "QU'EST-CE QUE LE FRONT DE GAUCHE ?" Si c'est une alliance politique purement opportuniste et éphémère alors le désaccord avec le MRC est une belle erreur. Si c'est une alliance sur le long terme qui doit conduire à une candidature de gauche alternative au PS, on peut à la rigueur comprendre pourquoi le lion de Belfort a été écarté. Il n’y a pas d’interprétation qui fasse consensus, je le sais bien et je ne me permets pas d’asséner des vérités univoques.<br /> Jean-Pierre Chevènement en mai 2008 a appelé à la création d’un grand parti de gauche ! Il ne faut pas l’oublier. Aujourd’hui il est plus seul que jamais. Il faudrait plutôt se demander pourquoi au lieu de dire qu’un tel est supérieurement intelligent à machin ou l’inverse. Cela ne fait pas avancer le débat.
L
Quand le renard se risque à parler du lion de Belfort, ne risque-t'il pas de s'emmêler les moustaches? Mélenchon le social-républicain a toujours voulu éradiquer Chevènement le social-républicain, qui lui fait indirectement une concurrence peut-être pas électorale mais sans doute intellectuelle. Il est vrai qu'il serait heureux que ces deux-là soient alliés dans la perspective d'une gauche digne fidèle à des idéaux et intelligente...surtout
R
Le Front de gauche est un feu de paille médiatique sans lendemain et sans stratégie et qui n'est en rien comparable à Die Linke. Mélenchon n'est pas Lafontaine. Ils sont incapables au front de gauche de voir plus loin que le bout de leur nez : la preuve ils n'ont pas voulu de Chevènement qui a des idées sur le long terme lui !!! IL N'Y AURA JAMAIS DE PARTI DE GOUVERNEMENT A LA GAUCHE DU PS CAR IL N'Y A QUE DES CHAPELLES SECTAIRES. Le PS n'a pas de souci à se faire. <br /> <br /> Votez blanc ou votez Louis Blanc, faute de mieux !<br /> <br /> A. A.-G.
R
Bonjour, je ne pense pas que toute la gauche, depuis le NPA jusqu'au PS, puisse se rassembler. J'essaye de comprendre l'instauration d'une nouvelle dynamique à gauche qui n'a plus exactement les contours du "parti du non" de 2005. Je formule l’hypothèse que le Front de Gauche est construit pour durer et j’en tire les conséquences. Les grands ténors du PCF et du Parti de Gauche ne se sont pas investis dans les négociations comme ils l'auraient fait s'ils avaient vraiment eu envie de voir un accord se concrétiser. Marie-Georges Buffet ou Jean-Luc Mélenchon ont-ils rencontré J.-P. Chevènement ? Non. Qui s’est donné les moyens de réussir un accord ? Francis Wurtz, François Delapierre… Ceux qui mènent le FdG ont comparé les bénéfices et les coûts et n’ont pas voulu apparaître comme archaïques face à un NPA qui prétend ne pas avoir la nation comme grille de lecture (alors qu’en fait faute d’instances supranationales, leurs propositions sont destinées à s’incarner dans la loi nationale). Le FdG n’a pas voulu faire campagne en parlant de l’Europe des nations parce qu’ils ont eu peur de passer pour des anti-européens et pour un assemblage hétéroclite.
J
Comme vous l'avez dit, il y a un choix stratégique sur le long terme dans la constitution du Front de Gauche et encore peu de gens l'ont vu. C'est un moment historique. Je regrette une chose dans votre article : vous êtes victime du mythe de la gauche c'est-à-dire que vous pensez que toutes les forces de gauche peuvent s'unir. Or certaines ont trahi les causes qui étaient au départ les leurs. Jean-Pierre Chevènement a eu un parcours chaotique et ne sait plus très bien où se placer aujourd'hui. <br /> JPT
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